Shiraz

par Rayane Chraiti et Philippine Coutau · 20.03.2019

Arrivées à Shiraz après une intense escale de 9 heure à Doha, 3 heure du matin heure locale, nous patientons autour du tapis roulant.
Un homme porte un casque à vélo! Un autre cyclo touriste! Nous faisons connaissance pendant que Mery, jeune femme iranienne ingénieure dans une entreprise de saucisses et Hamburger, rencontrée dans l'avion attend avec nous nos bagages.
Notre nouvelle ange gardienne nous aide à changer notre argent, nous trouve un taxi et nous indique le tarif de la course.
 

Nous deux, nos cartons si légers contenant nos vélos, dans un hilare bonheur de fatigue, passons la douane en riant avec les douaniers nous emmêlant dans notre mince vocabulaire de farsi.
Même pas de tampon dans notre passeport ... nous sommes un peu déçues mais oublions ça bien vite.
En quelques minutes, nos vélos et sacoches se retrouvent éparpillés dans deux taxis, les cartons dépassant de 3/4 du coffre ouvert.
4h du matin après 3 gros coups sur la porte en fer, le gérant de l'hôtel nous accueille à moitié endormi. Il nous rappelle que nous avons seulement réservé pour la nuit d'après. Dans une très légère confusion, nous voilà tout de même installées pour la nuit sur le hojre dans la cour intérieure, on nous tire les pieds dépassant du rideau de plastique tôt le matin pour un sublime petit-déjeuner et une assiette de spaghettis aux pommes de terre. Fabien et Anne, adorables, nous prêtent leur chambre pour quelques heures de sommeil supplémentaires. Notre premier après-midi iranien est consacré à la très périlleuse activité du remontage des vélos enfin sortis de leurs cartons après avoir passé de longues heures à Genève à les y faire rentrer. De temps à autre de petits attroupements autour de nous nous regardent avec grande curiosité, des femmes appellent des hommes pour nous aider sur cette petite place entourée de maisons jaune ocre. Au loin, on aperçoit les montagnes, un ciel gris tempête. L'œil attentif du petit Nima nous observe remonter nos montures quand Cerise arrive, s'ennuyant, pour nous tenir compagnie. 

Après la traversée hasardeuse de l'un des bazars de Shiraz, on tombe sur un portique sous la vigilance zélée d'un gardien arborant un fier plumeau vert.
Une guide parlant anglais vient nous chercher. Elle porte sur sa tenue une bannière aux couleurs du drapeau national "Iranian International Affairs" suivie de l'emblème de l'Iran. Pour rentrer dans ce qui se révèle être le Holy Shrine,on nous emballe dans de magnifiques rideaux à pâquerettes. C'est l'heure de l'une des prières du soir, une fine pluie tombe sur les milliers de mosaïques bleues de la mosquée. L'architecture urbaine de la ville est très bien pensée pour les handicapés, signe du respect du gouvernement pour les rescapés de la guerre Iran-Irak. Les visages (parfois très jeunes) de ceux qui y sont restés, fantômes sur les murs de la ville sont désormais aussi invisibles que des fenêtres aux yeux des habitants. 
La gentillesse invraisemblable des iraniens nous conduit deux fois au même magasin de glaces pour goûter les fadulehs - une spécialité glacée de la ville en forme de nouilles d'amidon et jus de citron - et une glace dont la texture ressemble fortement à celle de la mozzarella fondue. Délicieux!
On admire la lumière du soleil doré éclairant les montagnes qui se détachent sur un fond orageux en se promenant dans un joli parc plein d'orangers où les chats passent un bel après-midi. 
Se baladant à vélo dans la ville, on croise plusieurs familles pique-niquant joyeusement au beau milieu des trottoirs, au soleil, parfois même entre deux voitures garées. 
Lors de notre dernier jour à Shiraz, après un succulent petit-déjeuner, composé de pain ayant étrangement la forme de papier à bulles, de légumes, de confiture de carotte, de fromage crémeux, de dattes, et de halva, Mister Turtle s'illumine quand on lui parle de poésie. Il se lance dans de longues et passionnantes explications sur les cinq grands poètes perses. Puis, il récite en chantant sous une pluie battante frappant la tôle au-dessus de nos têtes deux de ses poèmes préférés. 


 

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