Quand Rayane et Philippine prennent un coup

par Rayane Chraiti et Philippine Coutau · 06.06.2019

Qom est une ville religieuse nous a-t-on dit. On y entre de nuit, gilets jaunes parmi les tchadors. Un calvaire à vélo; la ville est immense et la conduite des iraniens si dangereuse. Mohammed, notre hôte, charmant jeune homme d'environ 25 ans nous accueille très chaleureusement et tout se passe bien jusqu'au dessert. Alors, ce fervent croyant entreprend de nous exposer ses théories sur les femmes et le mariage. "Choisir sagement, vivre avec amour".

Les femmes sont faites pour être aimées et l'homme pour aimer, c'est donc lui qui choisit qui il épousera. Par conséquent, la femme, étant plus attirante que l'homme, doit se cacher entièrement afin d'être respectée. 

On sourit en manquant de s'étouffer avec le thé aimablement servi par Lina, la femme de monsieur. Il continue. 

La femme ne doit pas être une tour voyez-vous; il ne faut pas qu'elle se fasse remarquer. En faisant du vélo par exemple, une activité féminine si inhabituelle que cela attirerait tous les regards et pourrait être dangereux pour elle, puisque, vous l'aurez compris, une fois visible, la femme n'est plus respectable.

Nous visitons la ville en sa compagnie ainsi que celle de Zeynab, une amie rencontrée à Yazd. Sous son tchador se cache une grande féministe qui ne cesse de se disputer en persan avec Mohammed. 

Un mollah nous hurle de remettre nos voiles convenablement, c'est-à-dire cachant nos tout à fait nos cous et non pas en turbans. Zeynab, malgré son long rideau noir, nous dit qu'elle subit aussi, souvent, les commentaires et cris des gens de la ville.

Notre hôte tente de nous amener suivre un cours de poésie persane dans son université. Après avoir demandé et obtenu les autorisations nécessaires et passé le premier poste de sécurité militaire à l'entrée du campus, nous parvenons dans le bâtiment.

Au premier étage, accourt une femme affolée qui nous a vus entrer grâce aux caméras de vidéosurveillance. Les non-étudiants ne sont pas les bienvenus (comme dans toutes les autres universités ici) et encore moins sans tchador puisqu'il s'agit d'un lieu "en quelque sorte saint". On ressort... après avoir patienté une bonne heure et demi dans le bureau de cette dame, autour d'un thé sans vraiment comprendre ce qu'il se passe.  En partant, nous échangeons dans le couloir une conversation à la hâte avec le professeur de poésie qui termine son cours. Il nous récite du Hâfez et un élève ses propres vers.

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