Iran National Bank

par Elias Giudici et Michael Gowen · 14.11.2019

Dans une large rue de Tehéran se trouve un bâtiment massif. Il y a des marches, menant à l’entrée. Autour du portique se trouvent des colonnes. Au dessus il y a un Faravahar, un symbole royal. Dans le sous-sol il y a un
coffre-fort dont l’épaisse porte est ouverte au public. Cette chambre abrite les Joyaux de la Nation, qui furent un autre temps ceux de la famille royale.

On laisse entrer les visiteurs par petit groupes, accompagnés d’un guide pour la visite qui dure une demi-heure, après avoir laissé téléphones portables et autres effets personnels à l’étage et s’être soumis à un contrôle de sécurité.

Derrière des vitrines desquelles on doit rester à distance se trouvent les fameux joyaux. C’est un trésor comme il en existe peu. Epées, trône, porte-cigarettes. Toutes sortes d’objets incrustés de diamants et d’autres métaux précieux. Le guide raconte l’histoire de ces pièces et ironise de temps à autre sur la vocation de certains objets des anciens rois à être utilisés pour consommer de l’alcool. La pièce maitresse de l’exposition se situe vers la fin. Un diamant. d’un rare rose de 182 carats. Si pur que l’on voit à travers. C’est le Daria-e-Nur, la mer de lumière. Son histoire épique rappelle le passé impérial de la Nation. Ces pièces sont des témoignages de l’Histoire de l’Iran jusqu’à aujourd’hui. Ils furent nationalisés par le dernier Shah, après avoir appartenu à la famille royale. Dans les coffres de la banque centrale iranienne, ils ne peuvent aider la stabilisation du rial. Leur valeur étant inestimable, cela ne peut servir de monnaie fiduciaire. 

Quand nous sortons de la banque, une foule est rassemblée au bord de la route. Il a là une sorte de manifestation. Des dizaines de motos passent chaque minute, des hommes avec des drapeaux à leur bord semblaient célébrer quelque chose. Au milieu du defilé, une enceinte hurle avec frénésie des chants nationalistes. Une célébration mise en place pour rappeler à l’ordre et montrer que le gouvernement garde le contrôle. En dépit des manifestations dues au triplement du prix de l’essence en Iran. Cet évènement est survenu d’un jour à l’autre, après une annonce inattendue. Avec comme réaction des hauts dirigeants de couper l’accès à Internet dans le pays. De tirer sur les manifestants et faire en sorte que les personnes présentes soient les seuls témoins.

Ce ne sont pas là des révoltes auxquelles se sont melés les étudiants et l’ensemble de la population, uniquement ceux qui ont le moins de moyens et qui se sont trouvés face à une situation extrême d’un jour à l’autre. Ils ont pris la rue, dans certains quartiers modestes et parfois dans le centre des villes plus pauvres. C’est donc bien plus simple à étouffer.

Peu après, la foule commence à se disperser. Chacun retourna à ses occupations. Nous, on se rend au Grand Bazaar pour y trouver quelque chose à manger.

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