Volubilis

par Elie Meuret et Gilles Courvoisier · 28.07.2023

Volubilis,
Et, s’atténuant, la lumière commença à se mélanger aux ruines romaines droites et fières. Le tout, dans une douce et délicate harmonie. Le vent souffle par la droite, le soleil est entrain de se coucher et en face, le reste d’un temple s’élève dans une attitude fière. Ces restes de l’histoire sont les témoignages, la preuve que
par-delà le temps, le changement ou l’abandon progressif de la croyance, la spiritualité reste. Presque écroulé, le temple apparaît comme un symbole de resistance ; toujours tourné vers les hauteurs, cet endroit que l’homme a délaissé. Comment ne pas croire en une certaine harmonie lorsque devant soi s’érige les ruines d’un autre temps gravé dans les pierres et le paysages qu’elles incarnent.
Ces lieux sont un appel au silence et à la réflexion, s’en est presque un ordre, une obligation. Il n’est pas étonnant que la philosophie soit née dans le Grèce antique puis qu’elle se soit perpétuée dans l’Empire romain. Les hommes ont fait le choix de baisser la tête en direction d’une nouvelle échappatoire complétement déconnectée du vrai monde et ses messages discrets. La chute du regard vers les téléphones et leur mysticisme est un symbole de la maladie moderne : celle de ne plus savoir vivre dans un monde spirituel, un monde devenu entièrement désacralisé. Seulement, ces lieux contemplés sont le témoignage que certaines places de ce monde ont su préserver leur aura de sacré, leur aura de beauté.
Les colonnes en sont peut-être le symbole. Encore debout, elles indiquent les hauteurs et rappellent à celui qui les regarde ce mouvement oublié consistant à contempler la beauté des astres.

Voyager, c’est partir à la recherche de quelque chose. Quelque chose de profond, d’insoupçonné et d’indicible qui nous traverse sans même que nous puissions nous en saisir. Voyager, c’est partir à la recherche de ces fulgurances ineffables. Le désir de partir répond précisément à ce besoin de parvenir à la rencontre de ce désir encore – et peut-être à jamais – inconnu.

Au gré des chemins, le voyageur espère parvenir à rencontrer cette chose si difficile à nommer. Aussi, croit-il que le paysage, une rencontre ou simplement un léger vent lui soufflera peut-être cette réponse.

Rares sont ces moments – et ils sont le plus souvent inattendu – où, en un instant éphémère, le voyageur est traversé par une sensation étrange et nouvelle. Lorsque celle-ci le traverse, il sait. C’est précisément pour cela qu’il est parti sur les routes du voyage ; poussé par la volonté de parvenir à la rencontre de cette sensation mystérieuse.

Toutefois, en même temps que l’ineffable le saisit, cette sensation s’estompe en un instant, laissant le voyageur impuissant, incapable de poser des mots sur le miracle qui vient de se produire.

Ces sensations, à jamais indéfinissables ne peuvent être qu’effleurées du bout de l’âme.

Je crois que la leçon du voyage est de ne pas partir à la quête d’une chose inconnaissable. Bien souvent, le voyageur risquerait de partir avec des attentes trop grandes, ne laissant que peu ou pas de place à la surprise. Il pourrait aussi s’enivré de représentations, qui aussi belles soient-elles, ne peuvent dévoiler cer- taines vérités que seul l’instant et ses mouvements parviennent à offrir.

Voyager, c’est partir à la rencontre de l’instant en lui laissant une liberté totale pour peut-être avoir la chance d’effleurer l’ineffable et extraordinaire sensation désirée, rêvée.

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