Hambourg

par Mauranne Falise · 10.04.2019

Confortablement installée dans le train, je profite du paysage et des 6 heures de trajet que j'ai devant moi pour réfléchir au début de mon voyage et me préparer à la suite (ou du moins, c’est ce que je croyais !). Six heures plus tard, l'arrivée à Hambourg est un choc. Un vent froid doublé d'une pluie fine et transpercente souffle en continu. Dans mon accoutrement de tortue-ninja (20kg de sacs à dos), je me fraie tant bien que mal un chemin au milieu de la foule pour rejoindre mon hostel. En un coup d’œil, je comprends que c'est ce n’est pas non plus ici que je vais trouver de la chaleur : l’ambiance y est plutôt impersonnelle.

C'est pourtant à la combinaison de ce lieu et de cette météo peu accueillante que je dois une rencontre qui va beaucoup influencer mon séjour à Hambourg. En milieu de journée, une alarme incendie nous force à évacuer l'auberge. C'est là, parmi les centaines de résidents qui attendent dans la rue, que je rencontre un francophone qui a eu le malheur de se retrouver en T-shirt au mauvais moment. Je ne voulais sincèrement pas être à ça place et lui propose donc une veste. L'engrenage d'une chouette rencontre est lancée !

Louis-Pierre est un étudiant d'ingénieurie automobile passionné de dévelopement durable et de vélo. C'est grâce à lui que je rencontre une dizaine d'étudiants en Erasmus dont un bon nombre étudient d'une façon ou d'une autre un sujet en lien avec l'écologie. Des personnes ouvertes d'esprit, intéressantes, qui m'ont non seulement permis de passer de sympathiques soirées, mais aussi de reprendre confiance dans ma génération qui, j'en suis sûre, saura faire face aux challenges qui se présenteront dans le futur.

Après quelques jours d'adaptation et de recherches diverses, je décide de profiter de cette étape pour me pencher sur le volet social du développement durable. En effet, avec 1,7 millions d'habitants et ses routes à trois voies jusqu'au centre-ville, Hambourg est loin de l’idée que je me fais d’une ville verte. Cependant, je découvre assez vite que s’il est vrai que les « gestes verts » accessibles et concrets pour les habitants de Hambourg sont plutôt restreints, la ville essaie de faire un effort à un plus haut niveau. Les politiques portuaires, les moyens de transports et les énergies vertes sont au cœur des efforts menés par le gouvernement et, même si en discutant avec des habitants locaux, je découvre que ces initiatives sont bien loin d'être parfaites, c’est un pas dans la bonne direction à prendre en compte.

À ma petite échelle, il est difficile d'avoir accès à ces projets d’envergure. Je me dirige donc vers Hanseatic Help, une association qui récupère de vieux habits pour ensuite les distribuer aux gens qui en ont besoin (par exemple, dans des camps de réfugiés à l'étranger ou en Allemagne). L'association est très bien organisée et, en moins d’une dizaine de minutes d’explications, n'importe qui ayant la volonté d'aider peut se rendre utile. C'est là que je vais passer une majorité de mes journées à trier, dans un immense hangar, les articles échoués du monde de la mode. Il est pour moi déchirant de trier souvent des articles quasiment neufs, probablement victimes de la « fast-fashion » et jugés démodés.

C'est au son des dernières musiques à la mode (elles !) et au rythme de mes discussions avec John, un autre bénévole, que j'effectue la tâche familière d'emballer des habits dans des cartons. L'ambiance est détendue et tout le monde se sent le bienvenu. Je suis plongée dans un bain multiculturel constitué d'un mélange de jeunes en « année de service social » qui viennent d'Allemagne ou des États-Unis et de réfugiés. À ces derniers, l'association offre également des cours privés d'allemand et une aide administrative pour faciliter leur l'intégration.

C'est au moment de partir, 3 semaines et demi plus tard, que je réalise que je me suis finalement attachée à cette grande ville. J'ai eu le temps d'avoir des quartiers préférés, d’aller dans des cafés sympas et de vivre des expériences enrichissantes en compagnie d'inconnus qui sont maintenant devenus des amis. Le soleil, qui a pointé le bout de son nez après deux semaines, transforme la ville lorsqu'il se reflète sur l'Elbe et la rend bien plus accueillante. J'ai découvert qu'Hambourg est une ville très engagée, surtout d'un point de vue social, et que l'intégration des réfugiés est une problématique au centre du monde associatif. C'est donc ce dynamisme et cette saveur multiculturelle que j’emporte avec moi dans mes bagages le jour de mon départ.

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