18 août 2018 - Rocklands
La magie de Rocklands est bien réelle, c’est un paradis de pierre tombé du ciel. Tous plus impressionnants les uns que les autres, ces gros cailloux semblent avoir été dessinés pour être escaladés. Atypique serait le mot.
par Camila Acevedo · 26.06.2018
J’ai toujours été étonnée par les formes et les dessins que peut parfois prendre la pierre. A Muline, elle dessine des nervures aquatiques, des courbes gracieuses, parfois des trous. Chacun des reliefs semble avoir été sculpté avec minutie. Il est facile de s’y perdre, suivre du regard le tracé harmonieux du rocher. Le caillou orange et éclatant de cette surprenante grotte en fait une œuvre d’art. On aurait dit le moule, grandeur nature, d’une dune de sable sur laquelle le vent et la mer auraient réalisés une performance.
Ce dimanche, nous ne sommes pas les seuls à être venus rendre visite à cette géante orange.
La météo pluvieuse de ces derniers jours nous pousse à nous réfugier à son pied car l’inclinaison de ses parois lui profère une imperméabilité infaillible. Moi qui suis habituée aux parois verticales, celle-ci est surplombante, il faut tordre sa nuque vers l’arrière pour bien la voir. À grimper, c’est une autre histoire. Si en vertical j’ai le temps d’examiner les prises, de me placer correctement et de grimper lentement, en dévers, il faut faire vite, avant que les muscles ne lâchent.
Me voilà donc suspendue à de grosses prises, les bras fatigués, essayant tant bien que mal de supporter mon poids et de continuer à monter. Parfois, j’utilise mon talon pour me décharger du poids, mais ça ne suffit pas. Je m’arrête plusieurs fois, pendue à la corde, saucissonnée par mon baudrier, les pieds dans le vide. C’est un apprentissage nouveau, cela demande beaucoup de force, de tension. C’est bien plus dur que ce à quoi je suis habituée.
De part son inclinaison d’ailleurs, la falaise n’offre pas de voies faciles, chaque grimpeur à la falaise à une ou plusieurs voies en tête pour la journée. Ils s’échauffent à tour de rôle puis se perdent dans les prises de leurs projets. Une voie attirante de part son esthétisme est particulièrement convoitée, elle est de ces voies que l’on repère de loin. Nommée adéquatement « Eye of Tiger », sa forme oculaire est évidente. Bien plus déversante que celle que j’ai essayé, Eye of Tiger c’est de la grimpe à l’horizontale. C’est tantôt les pieds en avant et la tête à l’envers que ses assaillants évoluent le long de son plafond. Mais c’est souvent dans la partie verticale supérieur qu’ils font un trou dans l’azur, épuisés par les premiers mètres. Ils se retrouvent alors comme moi tout à l’heure, les pieds dans le vide.
Les journées sont courtes à cette période sur la grande île. Si le mercure peut monter jusqu’à 25 degrés, le soleil lui, disparaît derrière l’horizon peut après cinq heure. Ce matin, c’est avec son levé timide que nous avons foulés les premiers pas qui nous séparaient de Muline. Comme la plus part des falaises du parc national des Grampians, elle demande une marche d’approche relativement longue. Après avoir garé notre carrosse plus si blanc sur un recoin de route en terre, nous nous sommes enfoncés pour une petite heure dans le « bush » ,comme l’on dit par ici. Comme une chasse au trésor, nous suivons à la lettre les instructions du guide pour trouver la falaise. La faune et la flore du lieu se referme derrière nous, elle nous envoûte totalement. Parfois alertés par les bruits sourds et réguliers que font les kangourous en se déplaçant, nous les apercevons s’enfoncer dans la forêt. Parfois c’est le chant incongru d’un oiseau inconnu qui nous fait lever les yeux. Les rayons du soleil font perler la rosée. Difficile de s’imaginer que la tranquillité du bois actuel fut un jour troublée.
La magie de Rocklands est bien réelle, c’est un paradis de pierre tombé du ciel. Tous plus impressionnants les uns que les autres, ces gros cailloux semblent avoir été dessinés pour être escaladés. Atypique serait le mot.
Il y a dix jours, nous avons mis les pieds à Waterfall Boven pour la première fois. Tout de suite, nous nous y sommes sentis chez nous. L’envie de poser nos sacs maintenant encore plus lourds qu’avant, nous pousse à nous installer pour deux bonnes semaines.
Valparaíso ! Quel bel adieu à l’Amérique du sud. Cette petite ville qui n’était autrefois que le port de Santiago du Chili est aujourd’hui une merveille classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.