Train Xi'an - Guilin & Li River

par Julie Bron et Sasha Gutenmacher · 15.08.2023

On aurait pu voler d’une ville à l’autre ça n’aurait pas changé grand chose. Les gares ressemblent à des aéroports et les distances sont si grandes qu’on ne voit rien qui passe.

Le charme des quartiers chinois, c’est ce mixte de crasse, de déglingue, de bordel rouillé et de coins pisseux avec des textiles colorés, les plantes qui poussent un peu partout, les habits suspendus dehors oscillant au vent, c’est les briques grises claires surmontée de toit en tôle ondulée desquels pendent des lampions rouges.

Sur le scooter, on slalome, on se glisse entre les passants et les voitures. Ce qui semblait être un chaos de l’extérieur était en réalité tout à fait facile de l’intérieur. J’éclate de rire. C’est fou d’être au milieu de ce fourmillement. En suivant une unique route, la ville disparaît peu à peu, elle s’efface pour laisser place à des petits chemins caillouteux, raides comme des pics que notre pauvre scooter a du mal à passer. C’est probablement la première fois que nous nous retrouvons seuls, complètement. 

Au bord de la Li River

C’est plus facile quand le temps ralentit. On pose les caméras, on s’assied. Et on regarde. Il y a une forme de fléau dans les photos. On capture ce qu’on peut sans le retenir. La petite assise à côté de moi me fixe et ne sait pas si elle doit me sourire ou non. Elle boit du lait en brique, un faux mouvement et elle s’est éclaboussée le visage. Mais elle ne bouge pas, c’est égal. Les montagnes sont à couper le souffle, d’un vert brillant, ondulant. Au loin, les petites barques de bambou à moteur parsèment le fleuve. Elles remontent et redescendent sans fin, déversant des flots de touristes d’un bout à l’autre de l’itinéraire. Les veilles dames sont assises à l’ombre. Elles ne disent rien. L’une d’elle tient son échoppe à ma gauche, elle gobe son riz dans un petit bol en métal, l’expression fermée et peut-être un peu lassée.

 

Après avoir crapahuter en haut d’une des montagnes qui surplombe la Li River.

Arrivés en haut du pic, j’ai les jambes en feu mais la vue est à couper le souffle. On réalise pas encore très bien. Je crapahute encore un peu plus haut, sur un rocher, et se déroule devant nous la Li river et ses environs. 

Le temps est menaçant. Un de nos colocataires sur les rochers nous explique avec précipitation qu’il faut aller se mettre à l’abri, il va pleuvoir. Évidement, nous ne comprenons pas un mot de chinois mais ses gestes saccadés et ses exclamations en direction du rideau de pluie qui va s’abattre dans quelques secondes est assez clair. 

Et la pluie arrive. Elle nous rince. Nous douche. Nos affaires sont à l’abri dans des sacs imperméables, en réalité on la laisse faire. On dégouline, nos godasses couinent à chaque pas. Après quelques minutes, on choisit d’aller se mettre à l’abri sous le porche qui abrite déjà 25 touristes chinois. Évidement il n’y a aucune place, alors on reste là debout à attendre que ça passe.

Je réussis à me faufiler parmi ceux qui s’entassent à moitié couverts sous le minuscule toit.

Sans qu’on comprenne d’où, le soleil refait surface alors que le ciel nous tombe toujours sur la tête. A cet instant apparaît devant nous le plus bel arc-en-ciel qu’il m’a été donné de voir. D’une lumière vive, hypnotisant, et la scène devient un rêve. 

Un homme me fixe, et on se regarde avec ces yeux étincelants qui n’appartiennent qu’aux moments hors du temps. Tout flotte soudain. Il me sourit et me crie « it’s gonna be a beautiful memory ». 

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