Episode tibétain : Train Chengdu - Lhassa

par Julie Bron et Sasha Gutenmacher · 22.08.2023

Nous venons d’arriver sur le plateau tibétain. Il a été facile de faire connaissance avec nos voisins de wagon. Les paysages sont magnifiques, vallonés, verts, vides. La petite fille surexcitée qui a décidé que j’étais sa meilleure amie dans les prochaines heures s’est enfin assise et mange ce qui ressemble à un yaourt aux petits pois flottants. Je n’ai rien dit, elle revient, plonge sur mes cuisses et reste quinze secondes à me serrer dans ses petits bras. Puis, elle repart. 

Les chinois adorent manger des choses étranges, marinés, emballés dans du plastiques aux couleurs fluorescentes.

Allongée dans cette petite couchette qui appartient au domaine public de jour -tout le monde s’y assied-, le ventre rempli de nouilles instantanées un peu trop épicées et le sentiment de connaître personnellement les gens de mon wagon, j’aperçois depuis la petite fenêtre les paysages qui défilent. Dehors, c’est époustouflant, désertique, avec à l’horizon des vallons couleur sable desquels coulent des rivières d’un bleu plus clair que le ciel. Il n’y a pas une trace de vie à la ronde, un camion, une fois, poussiéreux et détonnant sur les montagnes arides.

Six couchettes par chambre, moins d’un mètre carrée d’espace vital, et pourtant tout est d’une convivialité rarement vue. 

Le wagon tremble un peu, les gens sont assis autour de la toute petite table au bord de la fenêtre. Tout m’apparaît avec une distance. C’est comme si je n’étais pas vraiment là, dans ce train qui monte au Tibet, avec des inconnus rencontrés sur un quai, devant un bar ou assis à côté de moi. 

Des bouts d’existences qui se croisent et se laissent.

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