par Lou Golaz et Max Shore · 29.08.2016
Après quelques jours, le soleil et la chaleur aidant, Belgrade commence à nous entrer dans la peau.
On s'habitue gentiment au rythme des gens, à leurs manières et à leur bienveillance.
Nos compos prennent forme petit à petit, elles aussi. Nos réflexions sur les Rroms s'affinent en observant et en discutant. On reconnaît notre réserve, notre prudence et nos appréhensions. On ne se sent pas encore d'aller trop près d'eux pour jouer... Comme si la musique dans leur réalité pouvait être conçue comme un luxe et que la notre serait perçue avec ironie. D'ailleurs, c'est une chose dure d'emboîter le pas d'une discussion lorsque le premier mot échangé relève de la mendicité. De plus, aborder le sujet des Rroms avec les locaux soulève un sentiment de désintérêt, voire de répulsion chez l'interlocuteur. Cependant, nous ne baissons pas les bras et espérons que nos prochaines rencontres auront lieu sous une lumière un peu moins sombre.
On prend donc notre temps et on s'installe au bord de la Save dans un endroit dégagé pour jouer un peu. Une petite heure plus tard, je joue au basket sur le terrain d'à côté et Max discute avec un Serbe en mélangeant Allemand, Italien et Anglais.
Maintenant, c'est l'heure des gammes au saxo et des pâtes au pesto. Demain, nous irons chercher notre enregistreur, et serons prêts à tailler la route en direction de Nis, carrefour entre le Serbie et les Balkans orientaux.
Notre voyage n’aura pas été horizontal mais vertical. Nous ne sommes pas allés très loin. Nous ne nous sommes pas étendus. Mais nous avons creusé, couche par couche. Et en arrivant dans cette communauté-là, nous savions que nous soulevions la dernière couche.
Il est 5h du matin lorsque Chuck vient frapper à la porte de notre chambre. Nous avons décidé de l’accompagner le temps de son expédition dans le village de Valcele, en pleine Transylvanie. Sur la route, les villages et les collines se découpent dans la brume matinale. L’aube pointe.
Après l'écœurante soirée aux média music awards, nous quittons Sibiu, le lendemain matin, à la recherche de réalités plus convaincantes. Après 20' de route nous sommes loin de toute ville et retrouvons un espace colineaux, jonché de nature.
