Quelques tableaux de ce début de voyage

par Anna Rossman Kiss · 12.04.2016

A Limassol je retrouve la mer. C’est toujours une aventure pour moi.

Je la retrouve un bref instant entre deux ateliers. Celui du matin au Lykeio Agias Fylaxeas, et celui du soir dans une ONG: KEY, Innovation for culture and youth.

Le lycée se trouve en haut d’une colline surplombant toute la ville. A peine 12 heures que je suis arrivée et me voilà dans la voiture de la directrice adjointe, Eleni, roulant vers ces élèves que j’attends de découvrir et auxquels j’amène Antigone. A travers la vitre: la poussière qui s’installe peu à peu au dessus de la ville, soleil éclatant, chaleur.Des murs jaunes, des palmiers, des rues, des habitations ne dépassant que rarement plus de trois étages. Une ville méditerranéenne à taille très humaine.

Je n’ai quasiment pas le temps d’être dépaysée.

Salle des professeurs, présentations, portraits de Saints dans toutes les salles de l’établissement.

Des élèves au teint hâlé, certains en uniforme. Brouhaha dans les couloirs.

La rencontre avec les élèves s’avère  positive, malgré la barrière de la langue et la nécessité d’improviser pour faciliter le travail. Maria, Vassily, Kostas, rires. Peu à peu ils s’approprient les personnages. Les langues se délient.  Nous trouvons une plate-forme commune.

Repas traditionnel chypriote avec Eleni après l’atelier. Nous évoquons la « partie envahie » (République turque de Chypre du Nord) ou « occupée », la nécessité de construire la paix par des projets bi-communaux, le refus de nombreux Chypriotes grecs de passer dans la partie turque, la souffrance de voir sa maison occupée par d’autres, l’espoir que représente le changement de générations.

A 18h, je retrouve Giannos, fondateur et membre de l’ONG dans laquelle je donne le second atelier de la journée. Je prends place dans sa voiture et déjà nous sommes deux vieux amis, en train de rigoler et bavarder. Nous passons d’un sujet à l’autre, tantôt  évoquant les tragiques événements de Bruxelles et la fermeture des frontières européennes, tantôt rigolant  dans la joie de cette rencontre qui semble évidente.

L’atelier se déroule dans la détente, la bonne humeur et la réflexion. Nous abordons les différentes points de vue propres à chacun sur Antigone: héroïne ou égoiste? Je réalise qu’il est impossible de trancher, nous passons quelques heures au fil de ces questions. On me dit que c’est la pièce la plus politique jamais écrite.

Après: bar enfumé au coeur de la ville, Zivania (alcool chypriote), confidences et sourires, une soirée qui s’étend jusqu’à l’aube.

Quelques heures plus tard, me voilà de nouveau au sommet de la colline. De nouveaux noms, de nouveaux visages, de nouveaux défis face à l’indiscipline de certains participants, un nouveau dialogue à établir. Entre deux ateliers: une célébrations dans l’énorme hall de l’école pour la libération de l’empire ottoman. Chants, musique, danses traditionnelles, poèmes nationaux . Je suis émue. Ce sont ces jeunes qui devront construire la paix de demain sur les chemins  et l’héritage de hier. En voyant cette énergie, cette beauté de la jeunesse et de la parole, j’ai confiance.

Laissez un commentaire

Le commentaire sera soumis à la validation d’un modérateur. S’il est conforme à la charte il sera publié sur le site. Votre adresse de messagerie ne sera pas rendue publique.
Merci, votre message a bien été envoyé.
Une erreur est apparue, merci de contacter l'administrateur du site.