Voiture camp de base de l’Everest à la ville frontière entre le Tibet et le Népal

par Julie Bron et Sasha Gutenmacher · 28.08.2023

La voiture fait un stop toilette au milieu de rien. A des kilomètres à la ronde, il n’y a que des pilonnes électriques flambant neufs, brillants sous la réflection du soleil, des étendues à peine verte, quelques vaches et yakes, des collines nues et, au loin, l’Himalaya. Des chaînes de montagnes aux pics enneigés qu’on confondrait presque avec les nuages. 

En sortant de la voiture, à notre droite, un chemin en graviers grossiers mène à la bâtisse typique tibétaine avec ses murs blancs et sa toiture rougeâtre.  

À côté, deux tentes, deux tibétains et deux chiens, qui attendent. Les toilettes ne devraient pas être si terribles. Il n’y a personne par ici nous encourage notre guide. 

A l’intérieur, quatre trous rectangulaires , séparés par trois misérables cloisons en béton d’un petit mètre de haut. Du sol au plafond, tout est recouvert de carrelage blanc. Enfin blanc. Le sol est surtout recouvert d’une quantité de déchets misérables, qui puent l’urine et la condition humaine. Des merdes d’animaux surviennent sur le sol, par ci par là, et des papiers toilettes, des serviettes de restaurants, mouchoirs, lingettes, enfin tout ce qui peut servir à s’essuyer est entassé, usagé, dans chaque coin des trous profonds et immondes qui forment les toilettes.

L’image inexplicable des étendus désertiques du paysage tibétain : on s’arrête au milieu de la route, le guide et le chauffeur s’allument une cigarette. On se délie les jambes.

On s’élève sur le toit du monde, devant la grandeur du paysage, du vide, c’est comme si on ne pouvait pas tout capturer. On écrit, on prend des photos mais c’est plus grand que nous. L’étendue insaisissable qui s’étale.