Huahine, légendes, vanille et biodiversité

par Thomas Risse · 09.09.2016

Sur Huahine, les oiseaux servent de réveil. Ils sont très présents, surtout dans la forêt, et font un vacarme magnifique. Je rejoins mes hôtes sur la terrasse, Marc m’invite à le suivre dans le jardin. « Tu veux déjeuner ? Sers-toi. » Il me montre un cocotier et me donne une perche en bambou. Je vise bien et fais tomber une coco, puis il me donne une machette pour que je l’ouvre. « Pour boire l’eau tu peux couper un jeune bambou, ça fait comme une paille. » Ensuite, il me montre ses bananiers, caramboliers et papayers. « La nature t’offre ton petit déjeuner, par contre le café vient du magasin ! » Je m’assieds dans l’herbe et me régale.

A peine terminé, il est déjà temps de partir. Je dois rejoindre Terii au site d’Avae Uri où se trouve un gros caillou marqué d’une énorme patte de chien. Comme j’y vais en stop, je calcule environ une heure de trajet. Mais à peine ai-je commencé à marcher au bord de la route qu’un pickup débordant d’écoliers s’arrête pour me prendre. Les jeunes me font une place à l’arrière et c’est parti. Les enfants me regardent avec curiosité, j’essaie de leur parler mais ils sont trop gênés pour me répondre. Puis le chauffeur me fait signe, nous arrivons au site. Je saute hors du pickup. Pas besoin de chercher longtemps, un panneau rouge montre le chemin « Trace légendaire, empreinte de Pi’Ihoro ». Je jette un coup d’œil sur la pierre mais préfère attendre Terii pour avoir ses explications. Je profite de ma demie heure d’avance pour découvrir les alentours.

Pas loin de là, je tombe sur une petite exploitation de vanille. Je m’arrête devant le portail car il y a un énorme chien. « Ia orana ! Il y a quelqu’un ? » Une voix masculine me répond « On est pas ouvert au public. » Je tente le tout pour le tout « J’attends le guide Terii ». J’entends alors un bruit de chaise, puis vois un homme à torse nu sortir d’une baraque et se diriger vers le portail. « Ia orana. Tu lui veux quoi à Terii ? » Je réponds que nous avons rendez-vous pour parler de Huahine mais que je suis en avance. « Tu as de la chance, Terii il connaît beaucoup de choses sur notre île. Moi c’est Ari’i. Viens je te fais visiter. » Il attache son chien « Je l’attache parce qu’il est con et très méchant. Des fois il m’attaque même ! » Puis, il ouvre le portail et je le suis dans la baraque.

En passant la porte, j’ai l’impression de rentrer dans une gousse de vanille. L’odeur embaume tout. Pourtant à l’intérieur il n’y a qu’une seule étagère sur laquelle sont posés quelques fagots de vanille enroulés dans des linges. « Ici je stocke ma récolte avant de la vendre. Je produis pas beaucoup parce que la vanille est capricieuse. Il faut 9 mois pour arriver à maturité. ». Il m’explique qu’il vend majoritairement aux locaux et aux touristes, mais que récemment, des grands magasins s’étaient intéressés à sa production. « Le problème avec ces gens, c’est qu’ils ne comprennent pas la vanille. Ils viennent et ils demandent une tonne par année ! Mais la gousse quand tu la sèches elle pèse presque rien. Et puis je vais pas vendre mon âme au diable pour ces popa’a, ils ont qu’à acheter la vanille de Madagascar ! ». Je comprends assez vite qu’ils sont en compétition avec l’ancienne ile française. Je le pousse un peu « Tu es jaloux des Malgaches parce qu’ils sont indépendants de la France ? ». Son visage se ferme alors qu’il se défend « Pas du tout mon petit, et puis la France on fait avec, c’est pas si mal elle nous donne de l’argent. En tout cas la vanille de Tahiti est meilleure que celle de Madagascar, ici tout le monde te le dira ! ». Je remercie Ari’i pour cette visite. Il me tend une petite gousse de vanille « celle-là elle est ratée je peux pas la vendre, mais tiens elle sent bon quand même. » Il me serre la main et m’accompagne au portail « Nana ! ».

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