Ma mini-odyssée

par Taïna Griscom · 06.02.2015

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J'ai quitté, après presque deux mois, Buenos Aires. Mon plan est de remonter ( en bus malheureusement- il n'y a plus de trafic maritime) le Rio Uruguay. Et je pense aux premiers explorateurs transportés jusqu'au cœur du continent par les rivières. Direction Colón, pour fêter mon anniversaire où il y aurait une île aux terres qui apparaissent et disparaissent selon les crues du Rio, qui prend sa source à Pelota, Brésil. Une existence qui dépendrait du Brésil, de ses eaux, de ses pluies.

15 décembre

Anniversaire morose. Personne ne travaille le lundi, personne ne peut me faire traverser. Tandis que je discute avec ma mère de la stupidité d'organiser ma vie et mes mouvements en fonction de mes plans à la symbolique fabriquée, je salue le propriétaire du camping. Sans espoir: ne connaîtrait-il pas quelqu'un qui...

Le lendemain me voilà, tout sourire sur un vieux canot, avec un vieil homme qui  m'amène visiter son île personnelle... Après 30 minutes d'une navigation poussive nous passons le portail: un pont qui relie Argentine et Uruguay. À la petite pointe de l'île, sur les derniers morceaux apparents de l'île trois boxers et une demi-douzaine de chèvres qui lâchent des pétoles furieusement nous accueillent ... La rive argentine semble vierge, pleine de promesses, sur l'uruguayenne on voit la première ville industrielle du pays, qui fume doucement.  Les jours passent et mon enthousiasme de la vie sauvage, des frontières est dévoré par un malaise grandissant, né des regards bénins du vieux propriétaire édenté, de ses conversations volontairement dirigées sur le sexe. Une nuit, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un caché sous ma cabane dans les arbres, qui m'observe à travers un trou du plancher, pendant que je me passe de l'anti-moustique. Je ne dors pas de la nuit. Les eaux montent de plus en plus, le sable est immergé et je commence à perdre mon autonomie sur l'île, sans canot. C'est difficile car je dépends de lui, je n'ose pas lui dire d'arrêter de me rassurer sur le fait que oui je pourrais me balader à poil sans qu'il y prête la moindre attention, que oui je pourrais dormir dans son lit sans qu'il me touche... Et un jour départ vers Paysandú...vers un asado auquel on nous a convié, porte de sortie. Car sans le savoir, je crois que j'étais un peu prisonnière.

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