Transylvanie

par Lou Golaz et Max Shore · 10.11.2016

Après l'écœurante soirée aux média music awards, nous quittons Sibiu, le lendemain matin, à la recherche de réalités plus convaincantes. Après 20' de route nous sommes loin de toute ville et retrouvons un espace colineaux, jonché de nature. Des sentiers cabossés nous amènent au petit village de Rosia ou se trouve une école. Nous décidons de sortir la guitare et de jouer quelques chansons lorsque les enfants sortent pour la pause de midi. 

Très vite, nous sommes encerclés d'enfants qui hurlent et rient, sans vraiment faire attention à la musique. Un d'entre eux me demande s'il peut jouer la guitare. Je lui laisse frotter les cordes pendant que je joue des accords aux sonorités gaies. Il est content et rit. Ses camarades remarquent la scène et très vite, je me retrouve avec une dizaine d'enfants qui font la queue, ou devrais-je dire se poussent sans arrêt, pour pouvoir frotter ces petits morceaux de métal. L'excitation monte et je crains que l'instrument ne tienne pas le coup.

Alors, au plus grand malheur de tous, je leur dis que le jeu est terminé. Plus de peur que de mal pour cette guitare qui croulait sous les mains de tous ces petits garnements adorables. Je me remets à jouer pour certains pendant que les autres courent après Telma, la chienne, qui subit le même sort que la guitare à se faire courir après par ces gamins bourrés d'énergie.
Puis, une professeur de cette école Steiner entre en scène et remet un peu d'ordre, plutôt par sa présence que sa légère voix. Elle nous propose d'aller jouer sur la place du village, qui s'avère à notre arrivée être une petite fontaine ou un troupeau de chèvres vient s'abreuver. Nous jouons quelques chansons dans une atmosphère plus détendue, où charrettes et animaux font partie d'un public installé dans ce décor de village. Des fenêtres de petites baraques décrépies sortent des visages curieux d'une présence si inhabituelle. Les plus aventureux sortent et viennent taper des mains pour donner un peu plus de rythme à notre musique. L'échange se termine après avoir joué à 3 endroits différents.

Des villages comme celui-ci, nous en croiserons par dizaines en traversant la Transylvanie. Il en est de même pour les Maramures ou les accoutrements traditionnels que portent les femmes nous donnent l'impression d'être retournés 100 ans en arrière. Dans chaque village, des charrettes tirées par des chevaux transportent du foin, de la marchandise ou des enfants. À chaque coin de rue se trouvent des cabanons contenant le fruit de l'artisanat traditionnel, précieusement gardé au fil des siècles.

Les chiens de bergers, eux aussi, font partie de ce paradigme lorsqu'ils rodent autour de notre tablée de risotto, soir de lune rousse. Le chasseur qui nous demande si nous avons dormi sur son verger, carabine sur les genoux, le son des clochettes au cou des biches, les églises en bois, les couchers de soleil rouges ou encore les deux heures perdus dans une forêt après avoir suivi les indications d'un villageois nous auront projetés dans un monde dont nous avons peu l'habitude, nous occidentaux.

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