30 février 2018 - Sao Bento do Sapucaì

par Camila Acevedo · 27.03.2018

J’avais eu peur ce jour-là. La voie n’avait rien d’extrême mais elle pesait sur mon mental. Plus dur que de grimper c’était désormais lâcher prise qui me coûtait beaucoup. Incapable de me laisser chuter. J’avais pourtant confiance en mon assureur, mais la simple idée de tomber me paralysait. Tomber, c’est perdre le contrôle des mouvements, c’est juste laisser son corps perdre tout contact et attendre que la corde le retienne. Je me retrouve donc paralysée au milieu de la voie, face à un mouvement incertain.

En redescendant, j’ai la gorge serrée. Je suis obligée de remonter, impossible de rester sur un échec. Cette fois ci, tout est simple, je sais ce que je dois faire, l’hostilité de la paroi a disparu, je me sens légère. Concentrée, j’enchaîne les mouvements. Comme c’est agréable... Un jour viendra où le poids de la peur s’envolera, peu importe le temps que ça prendra. 

Un peu plus tard dans l’après-midi, deux grimpeurs habitués ont montré le bout de leur nez. Ils se dirigent vers une voie, leur voie de chauffe, puis vers une autre, leur projet. Ils ne cherchent pas, ils ne découvrent rien, ils ne s’étonnent plus du coloris rosé du granite, ni du paysage qui leur fais dos. Ils ont développé une complicité avec la falaise, ils connaissent toutes les voies, chacun des mouvements, c’est chez eux. 

J’étais en train d’assurer mon binôme dans une voie difficile lorsque l’un d’eux, pendu dans sa corde 15 mètres au-dessus du sol lui lança dans un anglais douteux quelques encouragements. No fear! Believe! Right hand! Again! Quelques instants plus tard, je le redescendais, heureux d’avoir réussi sa voie. Bientôt, il essayera une voie encore plus dure “classica” selon leur dire. Une belle voie de 25 mètres très technique avec de beaux mouvements. Au pied de la falaise nous l’encourageons tous les trois. En portugais parsemé d’anglais et avec beaucoup de gestuelle, ils parviennent à lui expliquer toutes les méthodes. Le soleil s’apprête à passer de l’autre côté de l’horizon. 

Sao Bento Do Sapucaì et ses habitants se seront montrés très accueillants. Petit village brésilien vivement coloré perdu dans ses collines verdoyantes. Notre temps au Brésil est bientôt résolu, nous quitterons le pays pour l'Argentine avec comme belle transition: les chutes d’eau d’Iguaçu. (20% brésilienne et 80% argentine).

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